Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TRASHMOVIES
16 juin 2011

LE FESTIN NU

187-a-1225814953

Réalisé en 1991 par David Cronenberg, le festin nu est l'adaptation fidèle du roman éponyme écrit par James Burroughs. Il relate les tourments d'un écrivain paumé, aux prises avec les drogues, l'errance sexuelle, et l'épousicide.

Un éloge de la destruction comme vecteur de création

Le réalisateur veut coller au courant dont il s'inspire, à savoir ce mouvement américain des années 60 qui voyait dans la destruction une certaine transcendance (la beat generation). Il assume donc ce parti pris, et insuffle au personnage principal une forte résignation dans la bassesse. Ceci lui confère une beauté romantique qui est celle de l'écrivain maudit, noyé dans la noirceur de la ville et de son âme. Le sacrifice qu'il fait de sa normalité par la drogue, lui inflige un sentiment christique de conquête du non conquérable.

Le-festin-nu-02

Cette beauté transparaît au travers de la réalisation qui est sublime. Chaque plan s'apparente à une photographie. Et la direction assurée par Cronenberg auprès de Peter Weller est magistrale. Ce dernier illumine la pellicule de ses yeux déments et de ses traits douloureux. Son environnement et sa toilette sont inondés de symboles extrêmement beaux, empreints d'une agréable étrangeté.

Un travail de modélisation de certaines idées nihilistes

L'oeuvre dégage il faut l'admettre, un nihilisme profond. C'est à dire l'abolition des valeurs, le meurtre de Dieu et du Prince. Burroughs et Cronenberg brisent l'unicité de l'orientation sexuelle présentant une homosexualité brouillonne, mais surtout coupable. Ils laissent voir la drogue comme un circuit à sens unique, parsemé d'étapes variées et hasardeuses. Ils montrent l'homme déchu, détruit, dans son être et dans son âme, échoué seul sur le trottoir d'une ville grouillante.

486e402fe7ca3-festin-nu-1jpg

Cet abandon délibéré de la normalité, ce plongeon sauvage dans les origines de la faiblesse humaine inconditionnée, est le fruit grandiose de la conciliation entre le délire monstrueux de Cronenberg (affirmé assez tôt dans Frissons), et le marasme cognitif et spirituel de Burroughs (Ami de Kerrouac et autres Ayatollas de la liberté sous sa forme animale et déraisonnée). Le roman semble être autobiographique selon certains critiques, et il a été écrit au Maroc, sous l'empire de drogues hallucinogènes. Ce qui explique pourquoi Peter Weller est à Tanger dès qu'il consomme ses produits toxiques. Révérence picturale à l'auteur, dont le réalisateur honore d'ailleurs avec grand brio la mémoire, en signant un film qui est un véritable chef d'oeuvre d'adaptation.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité