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TRASHMOVIES

5 décembre 2011

déménagement

chers lecteurs

 

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salutations cinéphiles

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2 juillet 2011

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29 juin 2011

HISTORY OF VIOLENCE

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Réalisé par David Cronenberg, A history of violence relate l'existence paisible d'un père de famille américain, dont le passé trouble refait brutalement surface. Il ne pourra dissimuler très longtemps à ses proches ni à lui même, qui il est vraiment. Et c'est là la question: qui est en réalité ce barman modèle?

L'impossible choix entre rédemption et vérité

Le mal commis dans le pâssé par Tom Stall, héros de ce film, est irréversible. Il n'y a pas de milieu assez absorbant sur terre pour éponger ce qu'il est. Son être et sa vie sont marqués par la permanence, et l'échec de sa métamorphose montre que l'existence se stratifie sans se dissoudre. Il n'a alors d'autre choix que le dol pour se reconstruire. Une tromperie rédemptrice qui lui permet d'oublier pour un temps ce qu'il est. Mais très vite il sera confondu, et il lui faudra alors dépasser le seul mensonge pour prendre les armes afin accomplir son fratricide et funeste destin. Dressant avec majesté un tableau de ce qu'est l'épreuve en tant qu'héritage de nos choix passés.

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Sa vie reconstruite montre sa volonté profonde d'accéder au "bonheur" et de faire le bien. Une félicité que Cronenberg voit à son paroxysme dans la vie familiale modèle, routinière et humble. En somme dans le confort, la procréation, et la stabilité à tous points de vue. Des idéaux intemporels certes, mais qui peuvent engendrer quelques confusions. Comme par exemple la légitimation du meurtre en cas de légitime défense, qui va jusqu'à la quasi divinisation du héros ayant su s'arroger la toute puissance, sur la vie comme sur la mort. Or, pareille conception de la justice occulte non seulement la personnalité de celui qui la dispense, mais aussi et surtout l’atrocité objective des moyens qu'il utilise.

Du Cronenberg contenu et concret

A history of violence est semble t'il le premier film de Cronenberg à être plus étrange dans son scénario que dans son sujet. Soit qu'il courbe enfin l'échine sous le joug des conventions, soit qu'il discipline avec recul et sagesse l'imaginaire délirant qui est le sien. Toujours est il qu'il est ici très concret, ne traitant "que" de criminalité. Il s'y emploie qui plus est avec une retenue évidente, car on ne recense qu'un seul plan sanguinolent, d'une seconde à peine, dans tout le film. Et tout cela, loin de le desservir en le privant de sa griffe, lui permet au contraire d'aboutir à une degré supérieur de son travail. 

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En effet il délivre une oeuvre très riche en enseignements et en sens. Livrant une réflexion évidente sur la rédemption, mais aussi sur des sujets plus proches de tout un chacun, et forts émotionnellement, tels que le pardon, la force de la coutume, la relation père fils... Il s'écarte des influences et des artifices pour se concentrer sur la réalité moderne et la peint avec endémisme, sans se rattacher à aucun mythe ni religieux ni moral. Il se rapproche ainsi de l’empirisme positif, qui constate sans mythifier. 


16 juin 2011

CRUISING

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La chasse est un film de 1980 réalisé par William Friedkin, où Al Pacino tout jeune incarne un policier infiltré parmis le milieu gay-SM. Il traque un serial killer homosexuel dans les bars, clubs et boites de nuits extrêmes. 

Et ce faisant il permet un questionnement sexuel majeur, tant pour le héros que pour le spectateur; dans un film torturé, empreint d'une noirceur intrigante.


l'homme face à la pluralité des pratiques sexuelles

La mise en confrontation avec la pluralité des pratiques sexuelles est chose complexe. Qui semble placer l’homme face à lui-même. Et al pacino pleure parfois de ne plus savoir véritablement ce que sont le sexe, l’amour et donc la vie. Ainsi qu'en attestent les plans serrés sur son visage perplexe, il ressent un questionnement objectif sur sa propre sexualité. 

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Ce qu'il voit, et donne à voir au spectateur, n'est qu'animalité, échangisme, brutalité et vulgarité exacerbées. L'abandon furieux de ces hommes inversés illustre vraisemblablement une volonté de distinction voire de rupture. Donc ce qui les anime, c'est de s'affranchir. Et finalement ce que Friedkin filme ce sont des sodomies au service du plaisir mais aussi d'une certaine fierté émancipatrice. Car l'homosexuel ajoute à la seule jouissance sexuelle une émancipation du cosmos et de ses équilibres les plus logiques. Il rejoint en cela l'hétérosexuel qui lui aussi peut ajouter à l'orgasme une impulsion créatrice. Mais il substitue la négation du destin à la résignation dans la vertu.

 

l'inscription dans la filmographie torturée de Friedkin

Cruising est un film noir et voyeuriste. Car il se déroule principalement de nuit, et qu'il permet de s'immerger dans un milieu fermé. De surcroît c'est un film oppressant qui plonge dans un certain malaise. Parce que le monde décrit est sans espoir, ravagé par la violence, la corruption, la cruauté et la rébellion. Ne sont filmées que des situations de non respect des règles, qu'elles soient juridiques, professionnelles, éthiques, sexuelles, procédurales... Ce qui illustre à mon sens une volonté critique évidente de la part du réalisateur. Et j'irais même jusqu'à dire qu'on peut lire dans son script, les tourments de son âme.

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William Friedkin est un réalisateur qui a travaillé sur la panacée des thématiques obscures. Tôt dans sa carrière il aborde l'exorcisme non sans succès, plus tard intervient Cruising qui traite du milieu gay-SM, il présentera par la suite la chasse à l'homme (Hunted), les complots diaboliques autour de nouveaux nés (The guardian), la schizophrénie meurtrière (Bug)...  Bref toute une palette de sujets forts intéressants mais qui relèvent tous d'un certain pessimisme et d'une quête de la vérité par les abysses.

Cruising s'inscrit avec cohérence dans cette filmographie torturée et chouette, et il la nuance même quelque peu en se terminant sur une "happy end".

16 juin 2011

I SAW THE DEVIL

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Dans ce film de Kim jee woon, s’opposent le mal inné (pratiqué pour la jouissance) et le mal justifié (pratiqué par vengeance).                                                                                                     Pareil thème permet de revisiter le concept de justice, dans une œuvre forte, fruit d’une riche inspiration.

        La justice revisitée

Le réalisateur fait se confondre en chacun des personnages, l’animal et le citoyen. Il substitue la notion de douleur à celle de justice. L’animal naissant distribue une douleur froide, indifférente et nue. Tandis que le citoyen déchu la dispense de manière passionnelle, esthétisée et instrumentalisée.

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Mais cette fiction sociale et juridique s’avère vouée à l’échec car elle montre que la confusion entre l’homme sauvage et l’homme social aboutit à une négation de la justice. Meurtrier et justicier oublient tous deux leurs impératifs ontologiques. Ils se marginalisent et perdent tout respect pour la vie humaine.        Si bien que « I saw the devil » désigne assurément le spectateur, qui voit le diable sous deux atours : un diable rouge et furieux, qu’affronte un autre, noir et vengeur.

        Un film puissant, richement inspiré

Le réalisateur propose une œuvre forte. D’une grande violence dans les images et dans le sens. Servie par une sobriété polie en matière de dialogues. Les images brillent par leur beauté toute orientale et appliquée. Et enfin les couleurs se répondent entre elles dans ce film où la nuit excède largement le jour, et où noir, blanc, rouge s’alternent puis se mélangent en une exubérante fresque .

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De surcroit Kim jee woon livre une œuvre riche en références. Héritière directe des films coréens de vengeance, empruntant ses cascades aux films wu shu, imprégnée fortement par l’inspiration cyberpunk (les serials killers du film ne sont pas sans rappeler ceux des romans de Dantec)…                   Finalement il confond avec autant d’habileté les genres que les valeurs, en un film magistral qui laisse perplexe et admiratif.

Lire la critique du film sur le blog des éditions du corridor bleu

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16 juin 2011

13 TZAMETI

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Réalisé en 2005 Par Gela Babluani, 13 tzameti a été lourdement récompensé par la critique internationale, ce qui est rare pour un premier film. L'histoire relate l'intrusion d'un jeune immigré dans un milieu extrêmement fermé et illégal où des hommes parient de fortes sommes sur des parties de roulettes russes. 

Une fable de la crise

13 tzameti revêt l'apparence d'une fable, où les personnages sont impersonnels. C'est une fable de la difficulté et de la vie qui est contée. En effet l'adversité et le besoin d'argent peuvent conduire à l'inconscience la plus grave. Et malgré toute la chance du monde, il y a toujours des impondérables à prendre en compte, liés à une conception animale de la justice. La fin du film sonne comme une morale implacable et pédagogique, clairement inspirée par le contexte politique et économique de l'époque.

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Il y a dans les plans de 13 tzameti, un amer parfum de dissolution critique. La France présentée est en crise, sans emploi, sans avenir, gangrénée par la drogue et le crime. La difficulté à intégrer les immigrés dans la population nationale a été ravivée cette année 2005 (date de sortie du film) par les émeutes en banlieue, et globalement il n'est pas à démontrer que la question du devenir des jeunes issus de l'immigration en France est un dossier en échec permanent depuis son commençement. C'est sans doute une certaine révolte contre l'absurdité insoluble des inégalités sociales, et les déviances du capitalisme (drogue, distraction extrêmes...) qui marque ce film très noir, tant dans sa couleur que dans son ambiance.

Une maladresse pardonnable, au service d'une veine forte

Il y a une certaine candeur dans la réalisation de ce film. L'enchaînement des actions et le montage sont confus. Cela transparaît à travers l'inutilité de certains plans, où encore la triple répétition d'une scène. Toutefois, 13 tzameti dégage une certaine beauté. 

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C'est une oeuvre rare en son genre, car à ma connaissance il n'y a guère qu'Intacto (Fresdinallo 2003) qui traite d'un sujet similaire. Or si l'on applique le principe économique selon lequel ce qui est rare, est cher, l'on comprend pourquoi 13 tzameti est un film de valeur. Il dégage un mystère envoûtant parce qu'il décrit un univers clandestin et hallucinant, se basant sur une belle idée, pleine de sauvagerie. Et d'ailleurs Gela Babluani a pris conscience de la perfectibilité de son oeuvre, en réalisant un remake de son film, intitulé plus sobrement "13", annoncé pour 2012.

16 juin 2011

LE FESTIN NU

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Réalisé en 1991 par David Cronenberg, le festin nu est l'adaptation fidèle du roman éponyme écrit par James Burroughs. Il relate les tourments d'un écrivain paumé, aux prises avec les drogues, l'errance sexuelle, et l'épousicide.

Un éloge de la destruction comme vecteur de création

Le réalisateur veut coller au courant dont il s'inspire, à savoir ce mouvement américain des années 60 qui voyait dans la destruction une certaine transcendance (la beat generation). Il assume donc ce parti pris, et insuffle au personnage principal une forte résignation dans la bassesse. Ceci lui confère une beauté romantique qui est celle de l'écrivain maudit, noyé dans la noirceur de la ville et de son âme. Le sacrifice qu'il fait de sa normalité par la drogue, lui inflige un sentiment christique de conquête du non conquérable.

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Cette beauté transparaît au travers de la réalisation qui est sublime. Chaque plan s'apparente à une photographie. Et la direction assurée par Cronenberg auprès de Peter Weller est magistrale. Ce dernier illumine la pellicule de ses yeux déments et de ses traits douloureux. Son environnement et sa toilette sont inondés de symboles extrêmement beaux, empreints d'une agréable étrangeté.

Un travail de modélisation de certaines idées nihilistes

L'oeuvre dégage il faut l'admettre, un nihilisme profond. C'est à dire l'abolition des valeurs, le meurtre de Dieu et du Prince. Burroughs et Cronenberg brisent l'unicité de l'orientation sexuelle présentant une homosexualité brouillonne, mais surtout coupable. Ils laissent voir la drogue comme un circuit à sens unique, parsemé d'étapes variées et hasardeuses. Ils montrent l'homme déchu, détruit, dans son être et dans son âme, échoué seul sur le trottoir d'une ville grouillante.

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Cet abandon délibéré de la normalité, ce plongeon sauvage dans les origines de la faiblesse humaine inconditionnée, est le fruit grandiose de la conciliation entre le délire monstrueux de Cronenberg (affirmé assez tôt dans Frissons), et le marasme cognitif et spirituel de Burroughs (Ami de Kerrouac et autres Ayatollas de la liberté sous sa forme animale et déraisonnée). Le roman semble être autobiographique selon certains critiques, et il a été écrit au Maroc, sous l'empire de drogues hallucinogènes. Ce qui explique pourquoi Peter Weller est à Tanger dès qu'il consomme ses produits toxiques. Révérence picturale à l'auteur, dont le réalisateur honore d'ailleurs avec grand brio la mémoire, en signant un film qui est un véritable chef d'oeuvre d'adaptation.

16 juin 2011

POETRY

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Un poème de la souffrance et de la mort

Dans ce film, la poésie apparaît comme un remède aux maux de ce monde. Un moyen de prendre du recul par rapport à la vie, pour s’orienter vers des pensées libres et appliquées. Il y a un contraste lourd entre les dures épreuves subies par l’héroïne, qu’elle endure avec une résignation quasi passive, et son avide quête créatrice qui la pousse à « entrer en communication » avec son environnement. Se succèdent donc, des séquences qui montrent la violence arbitraire du monde, et d’autres, traitant des beautés et richesses allégoriques de la nature. Ce jeu de va et vient entre le pur et l’impur est le fil conducteur d’un poème dramatiquement beau.

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En effet, la poésie est également un moyen pour l’héroïne de tirer sa révérence à un monde dissolu. C’est une vision baudelairienne de la beauté qu’elle adopte alors. Car son inspiration va se nourrir de la mort, tenant de sublimer le suicide par des mots. Poetry est finalement un film-poème qui dénonce cinématographiquement le manque de profondeur et de beauté dans l’existence humaine concrète. Manque que la mort ne comble pas, mais qu’elle permet de ne plus sentir.

 

Un poème aux sentiments violents, exprimés avec lenteur

On ressent face à Poetry une sensible tension. Car la poésie ne fortifie pas l’héroïne face à l’adversité. Au contraire cette dernière fait montre d’une passivité choquante. Peut-être faut-il voir là l’éloge d’une certaine force d’esprit orientale qui rappelle parfois le surhomme mythique de Nietzsche naviguant à vue par-delà le bien et le mal.

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Ce caractère posé s’oppose à la violence du film, mais s’accorde avec sa lenteur. Poetry est violent car il parle de viol, de corruption de prostitution. Mais c’est une violence de la parole, de la pensée, non une violence montrée et faible. Cette force dans le drame, met en exergue la lenteur des rebondissements dans lesquels on plonge et dont on s’imprègne pour entrevoir avec émotion, et saisir avec vérité, les arcanes de l’inspiration poétique.


Poetry (시) de Lee Chang-dong - Bande Annonce /... par

14 juin 2011

THE TREE OF LIFE

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Il est des fois ou notre horizon artistique semble comme dépassé. J’entends par là que l’adéquation entre notre attente et le travail de l’artiste est telle que l’on s’imagine que rien désormais n’aura la même saveur ni la même intensité que ce que l’on vient de voir. Comme l’impression que tout est vu. Et lorsque j’ai quitté la salle quasiment vide de « the tree of life » j’ai eu cette sensation, frustrante autant qu’enivrante, de savoir que j’avais vu quelque chose de difficilement égalable.

Malgré un cadre familial, une distribution minimaliste, et une intrigue modeste, Terrence malick Parvient tout d’abord à proposer un film Pascalien tentant de prouver artistiquement l’existence de dieu, et ensuite il marque une avancée dans le travail cinématographique en tant que tel.

 

               La portée biblique et théologique de "the tree of life"

La portée biblique du film est comprise dès la première image, qui en l’espèce est une citation du livre de job (ancien testament). Cette citation est originale et très mystérieuse. Son sens à lui seul contient toute la problématique du film, à savoir : La vie ne récompensant pas objectivement ceux qui la respectent, que peut-on gagner à vivre dans ce que les hommes appellent communément « la vertu » ?

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Pour y répondre, le réalisateur va adapter l’épisode de la bible à sa vision du problème. Ce qu’il retire principalement de Job, c’est la contradiction absolue de la situation. Celle d’un homme sacrifiant son existence sur terre pour glorifier Dieu en lequel il croit, mais qui pourtant se voit infliger par le destin d’atroces mises à l’épreuve. Et partant de là, il tente de matérialiser le recul que l’homme doit prendre sur son animalité pour relativiser ce qu’est la fatalité du destin et respecter l’incompréhensible agencement des choses en ce monde. C’est dans ce respect insensé et noble, que réside le mystère de Dieu. Car Brad Pitt par sa résignation, montre à voir ce qu’est la vraie sagesse. Celle qui ne se venge pas, celle qui ne sombre pas dans le désespoir et le parjure, celle qui accepte ses responsabilités cosmiques. Cette sagesse est peu ou prou la forme « d’illumination » que recherchent les mystiques et les croyants.

En cela, The tree of life est un film biblique et théologique. Mais c’est aussi un film Pascalien qui tente de prouver l’existence de « la grâce », par opposition à la seule « nature ». La puissance de ce film réside dans le véritable dilemme qui est posé. Et qui fatalement conduit à comprendre, voire envisager ce que Pascal appelle « le pari » de penser que la grâce relève d’un agencement divin et surnaturel.

 

               The tree of life, une avancée dans le cinéma

Le cinéma représente souvent des notions immatérielles (l’amour, le chagrin) par l’image. Mais il est rare que les valeurs elles même du bien et du mal, soient « picturalisées » par de cosmiques et métaphoriques plans séquences. Terrence Malick présente les images que lui inspirent les notions de juste, et celle d’arbitraire, celle de la colère et de l’incompréhension…

L’adéquation des images choisies avec les sentiments représentés illustre un cinéma moderne et global. Comme une sorte de 3D de la pensée, the tree of life apporte conceptuellement au cinéma l’équivalent de ce qu’avatar lui a apporté de visuel.

Ces brumes luminescentes portées par le grégorien remixé ne sont pas sans rappeler les 15 dernières minutes de « Dante 01 » (film lui aussi christique et génésique), et elles ont quelques relents des images spatiales si lentes du « solaris » d’Andreï Tarkovsky. Outre l’émerveillement, ces passages du film permettent à l’homme d’aujourd’hui, de prendre du recul pour lire sans anachronismes le livre de job. Car Dieu en 2011 semble se déliter sous sa forme « académique », et se confondre en filigrane dans la naissante sacro sainte protection de la nature. Aussi la mise en relief des notions de grâce et de nature, par des panoramas très larges des merveilles et aberrations terrestres, est à la fois quelque chose de très judicieux en soi, mais également une certaine avancée dans le travail cinématographique me semble t’il.

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Cette avancée se souligne par le fait que Malick propose une œuvre véritablement intro prospective. Il aborde le problème du bien et non celui du mal, dans une optique positive et cohérente. Et choisissant de faire revivre le thème particulier de job dans un contexte contemporain, il parvient à proposer un film absolu. Une œuvre d’art qui cherche Dieu, portée par un artiste qui délivre toute la puissance de son énergie picturale, musicale et cognitive. Et à défaut de trouver la solution du paradoxe entre grâce et nature, il délaisse les nihilistes abandons de Sade, pour nous donner à contempler la lumière, qui s’infuse avec mystère dans les branches entrelacées de l’arbre de la vie.

11 mai 2011

TESIS

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La thèse est un exercice de fin d'études, qui marque la "soudure" entre ce que l'on a appris et ce que l'on peut faire concrètement. Et il est amusant de constater que ce film dont c'est le titre est également le tout premier long métrage d'Alejandro Amenabar.

        

          Le mystère à l’Espagnole

 

Le cinéma Ibérique est aujourd’hui relativement bien connu, quoique restant tout de même un peu en marge dans notre culture cinématographique, à l’image des films asiatiques.

Tous les genres y sont représentés bien entendu, mais celui de l’horreur a quelque chose de tout à fait particulier. Je me permets d’appeler cela « la fascination pour le mystère ».

Prenons pour exemple « la secte sans nom », « l’échine du diable », « l’orphelinat », ou le plus récent « Hierro ». Tous sont imprégnés d’une ambiance et d’une griffe de mystère.

Musique et images s’enchevêtrent dans une impénétrable trame sur laquelle plane l’ombre du non-dit et de l’inconcevable. Le spectateur est très vite intrigué par cette aura étrange qui se dégage de l’écran.

Cette ambiance est palpable dans un autre film Espagnol: INTACTO, chef d'oeuvre du mystère et de l'étrange, relativement méconnu. 

Le sujet est le snuff movie. Activité consistant à réaliser des films de violence réelle, à aimer les visionner, et à se les échanger moyennant finances.

Si il est certain que des vidéos de violences sont disponible à l’heure actuelle (la majorité des adolescents aujourd’hui ont déjà vu sur Youtube des exécutions militaires filmées), il est en revanche bien moins certain que le phénomène du snuff-movie soit bien réel.

Cela reste une sorte de « légende urbaine » dont les auteurs (Dantec par exemple) et les réalisateurs peuvent tirer nombres d’idées (Hostel, 8mm…).

Au final c’est quelque chose de tellement incroyable que même si cela existe, l’esprit humain peine à le concevoir avec vérité. Or qu'est ce que le mystère sinon l'inconcevable?

 

Mais c’est également le fait pour une chose d’être cachée. Et de ce point de vue-là, Amenabar excelle. J’en appelle au plan qui constitue d’ailleurs la jaquette du film, ou Angela se cache les yeux, formant un V avec ses doigts au travers duquel l’on voit son œil fermé. Qui va finalement s'ouvrir pour laisser s'imprimer l'horreur dans ses synapses, rappellant au spectateur cette très sage parole de la bible: "il suffit d'un regard"...

 

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Au-delà de ce plan, c’est toute la narration qui surprend en permanence, instaurant une tension profonde. En-effet, chaque professeur, chaque ami, chaque rencontre que va faire l’héroïne est ambivalente et dangereuse. Jusqu’à la scène de dénouement, il est absolument impossible de distinguer les adjuvants des opposants. Tout n'est que confusion, doute et peur glaciale.   

      La notion de frisson

Le frisson est un soubresaut nerveux, provoqué par la peur ou la tension. Il se distingue de l’effroi ou du dégout qui sont des sentiments liés aux films d’horreur pure ou gores. Si je m’attarde la dessus c’est parce que Tesis est une œuvre de la nuance et de la suggestion. Le réalisateur fait preuve d’une grande délicatesse en montrant l’horreur sans qu’on la voie. Prouesse intéressante, en majeure partie réalisée grâce au son. Au lieu de montrer le snuff movie dans sa crudité, il laisse simplement entendre le son. Et plutôt que de montrer une torture réelle il ne filme que l’annonce par le tortionnaire à sa victime, de ce qu’il compte lui faire.

Cette suggestion quoique glaciale, permet de ne pas être heurté visuellement, et de prendre conscience de la gravité du sujet. Et quelque part c’est avec intelligence qu’agit Amenabar. Car sa thématique est complexe à aborder. Elle flirte avec le malsain. Au final son film est choquant, très choquant même, mais pas malsain car il n’expose pas la violence de manière frontale (sauf quelques inévitables plans, qui sont concentrés dans la bande annonce...).

Pour immerger le spectateur, Amenabar a choisi de faire évoluer ses acteurs dans une faculté de cinéma, de parler de caméras, et donc d’œil.

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Tesis montre que l’œil est en quelque sorte le verrou de la conscience. Selon que ce verrou est ouvert ou fermé, l’esprit tolère et désire plus ou moins d’images. Et le spectateur voit de ses yeux ceux qui ont fait sauter le verrou. Ces êtres maudits qui se ravissent de la contemplation du mal. De ce fait il est amené à s’interroger sur lui-même, notamment sur ce qui l’a poussé à regarder ce film dont il sait que c’est un film d’horreur, qui plus est interdit aux moins de 16 ans (ce qui malgré tout souligne un certaine dureté).

Pour conclure le rendu final est celui d’un film sombre et torturé, toutefois respectueux de la mort, de la souffrance, et du spectateur. Un film à voir donc, si l’on aime le genre.

 

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