Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TRASHMOVIES
14 juin 2011

THE TREE OF LIFE

affiche-the-tree-of-life-2011-4

Il est des fois ou notre horizon artistique semble comme dépassé. J’entends par là que l’adéquation entre notre attente et le travail de l’artiste est telle que l’on s’imagine que rien désormais n’aura la même saveur ni la même intensité que ce que l’on vient de voir. Comme l’impression que tout est vu. Et lorsque j’ai quitté la salle quasiment vide de « the tree of life » j’ai eu cette sensation, frustrante autant qu’enivrante, de savoir que j’avais vu quelque chose de difficilement égalable.

Malgré un cadre familial, une distribution minimaliste, et une intrigue modeste, Terrence malick Parvient tout d’abord à proposer un film Pascalien tentant de prouver artistiquement l’existence de dieu, et ensuite il marque une avancée dans le travail cinématographique en tant que tel.

 

               La portée biblique et théologique de "the tree of life"

La portée biblique du film est comprise dès la première image, qui en l’espèce est une citation du livre de job (ancien testament). Cette citation est originale et très mystérieuse. Son sens à lui seul contient toute la problématique du film, à savoir : La vie ne récompensant pas objectivement ceux qui la respectent, que peut-on gagner à vivre dans ce que les hommes appellent communément « la vertu » ?

img-tree-of-life-trailer_170223549759

Pour y répondre, le réalisateur va adapter l’épisode de la bible à sa vision du problème. Ce qu’il retire principalement de Job, c’est la contradiction absolue de la situation. Celle d’un homme sacrifiant son existence sur terre pour glorifier Dieu en lequel il croit, mais qui pourtant se voit infliger par le destin d’atroces mises à l’épreuve. Et partant de là, il tente de matérialiser le recul que l’homme doit prendre sur son animalité pour relativiser ce qu’est la fatalité du destin et respecter l’incompréhensible agencement des choses en ce monde. C’est dans ce respect insensé et noble, que réside le mystère de Dieu. Car Brad Pitt par sa résignation, montre à voir ce qu’est la vraie sagesse. Celle qui ne se venge pas, celle qui ne sombre pas dans le désespoir et le parjure, celle qui accepte ses responsabilités cosmiques. Cette sagesse est peu ou prou la forme « d’illumination » que recherchent les mystiques et les croyants.

En cela, The tree of life est un film biblique et théologique. Mais c’est aussi un film Pascalien qui tente de prouver l’existence de « la grâce », par opposition à la seule « nature ». La puissance de ce film réside dans le véritable dilemme qui est posé. Et qui fatalement conduit à comprendre, voire envisager ce que Pascal appelle « le pari » de penser que la grâce relève d’un agencement divin et surnaturel.

 

               The tree of life, une avancée dans le cinéma

Le cinéma représente souvent des notions immatérielles (l’amour, le chagrin) par l’image. Mais il est rare que les valeurs elles même du bien et du mal, soient « picturalisées » par de cosmiques et métaphoriques plans séquences. Terrence Malick présente les images que lui inspirent les notions de juste, et celle d’arbitraire, celle de la colère et de l’incompréhension…

L’adéquation des images choisies avec les sentiments représentés illustre un cinéma moderne et global. Comme une sorte de 3D de la pensée, the tree of life apporte conceptuellement au cinéma l’équivalent de ce qu’avatar lui a apporté de visuel.

Ces brumes luminescentes portées par le grégorien remixé ne sont pas sans rappeler les 15 dernières minutes de « Dante 01 » (film lui aussi christique et génésique), et elles ont quelques relents des images spatiales si lentes du « solaris » d’Andreï Tarkovsky. Outre l’émerveillement, ces passages du film permettent à l’homme d’aujourd’hui, de prendre du recul pour lire sans anachronismes le livre de job. Car Dieu en 2011 semble se déliter sous sa forme « académique », et se confondre en filigrane dans la naissante sacro sainte protection de la nature. Aussi la mise en relief des notions de grâce et de nature, par des panoramas très larges des merveilles et aberrations terrestres, est à la fois quelque chose de très judicieux en soi, mais également une certaine avancée dans le travail cinématographique me semble t’il.

2066923203

Cette avancée se souligne par le fait que Malick propose une œuvre véritablement intro prospective. Il aborde le problème du bien et non celui du mal, dans une optique positive et cohérente. Et choisissant de faire revivre le thème particulier de job dans un contexte contemporain, il parvient à proposer un film absolu. Une œuvre d’art qui cherche Dieu, portée par un artiste qui délivre toute la puissance de son énergie picturale, musicale et cognitive. Et à défaut de trouver la solution du paradoxe entre grâce et nature, il délaisse les nihilistes abandons de Sade, pour nous donner à contempler la lumière, qui s’infuse avec mystère dans les branches entrelacées de l’arbre de la vie.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
bravo pour ce bel article<br /> le rapprochement avec tarkovski est bien vu
Publicité