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TRASHMOVIES
11 mai 2011

TESIS

Tesis

 

La thèse est un exercice de fin d'études, qui marque la "soudure" entre ce que l'on a appris et ce que l'on peut faire concrètement. Et il est amusant de constater que ce film dont c'est le titre est également le tout premier long métrage d'Alejandro Amenabar.

        

          Le mystère à l’Espagnole

 

Le cinéma Ibérique est aujourd’hui relativement bien connu, quoique restant tout de même un peu en marge dans notre culture cinématographique, à l’image des films asiatiques.

Tous les genres y sont représentés bien entendu, mais celui de l’horreur a quelque chose de tout à fait particulier. Je me permets d’appeler cela « la fascination pour le mystère ».

Prenons pour exemple « la secte sans nom », « l’échine du diable », « l’orphelinat », ou le plus récent « Hierro ». Tous sont imprégnés d’une ambiance et d’une griffe de mystère.

Musique et images s’enchevêtrent dans une impénétrable trame sur laquelle plane l’ombre du non-dit et de l’inconcevable. Le spectateur est très vite intrigué par cette aura étrange qui se dégage de l’écran.

Cette ambiance est palpable dans un autre film Espagnol: INTACTO, chef d'oeuvre du mystère et de l'étrange, relativement méconnu. 

Le sujet est le snuff movie. Activité consistant à réaliser des films de violence réelle, à aimer les visionner, et à se les échanger moyennant finances.

Si il est certain que des vidéos de violences sont disponible à l’heure actuelle (la majorité des adolescents aujourd’hui ont déjà vu sur Youtube des exécutions militaires filmées), il est en revanche bien moins certain que le phénomène du snuff-movie soit bien réel.

Cela reste une sorte de « légende urbaine » dont les auteurs (Dantec par exemple) et les réalisateurs peuvent tirer nombres d’idées (Hostel, 8mm…).

Au final c’est quelque chose de tellement incroyable que même si cela existe, l’esprit humain peine à le concevoir avec vérité. Or qu'est ce que le mystère sinon l'inconcevable?

 

Mais c’est également le fait pour une chose d’être cachée. Et de ce point de vue-là, Amenabar excelle. J’en appelle au plan qui constitue d’ailleurs la jaquette du film, ou Angela se cache les yeux, formant un V avec ses doigts au travers duquel l’on voit son œil fermé. Qui va finalement s'ouvrir pour laisser s'imprimer l'horreur dans ses synapses, rappellant au spectateur cette très sage parole de la bible: "il suffit d'un regard"...

 

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Au-delà de ce plan, c’est toute la narration qui surprend en permanence, instaurant une tension profonde. En-effet, chaque professeur, chaque ami, chaque rencontre que va faire l’héroïne est ambivalente et dangereuse. Jusqu’à la scène de dénouement, il est absolument impossible de distinguer les adjuvants des opposants. Tout n'est que confusion, doute et peur glaciale.   

      La notion de frisson

Le frisson est un soubresaut nerveux, provoqué par la peur ou la tension. Il se distingue de l’effroi ou du dégout qui sont des sentiments liés aux films d’horreur pure ou gores. Si je m’attarde la dessus c’est parce que Tesis est une œuvre de la nuance et de la suggestion. Le réalisateur fait preuve d’une grande délicatesse en montrant l’horreur sans qu’on la voie. Prouesse intéressante, en majeure partie réalisée grâce au son. Au lieu de montrer le snuff movie dans sa crudité, il laisse simplement entendre le son. Et plutôt que de montrer une torture réelle il ne filme que l’annonce par le tortionnaire à sa victime, de ce qu’il compte lui faire.

Cette suggestion quoique glaciale, permet de ne pas être heurté visuellement, et de prendre conscience de la gravité du sujet. Et quelque part c’est avec intelligence qu’agit Amenabar. Car sa thématique est complexe à aborder. Elle flirte avec le malsain. Au final son film est choquant, très choquant même, mais pas malsain car il n’expose pas la violence de manière frontale (sauf quelques inévitables plans, qui sont concentrés dans la bande annonce...).

Pour immerger le spectateur, Amenabar a choisi de faire évoluer ses acteurs dans une faculté de cinéma, de parler de caméras, et donc d’œil.

tesis

Tesis montre que l’œil est en quelque sorte le verrou de la conscience. Selon que ce verrou est ouvert ou fermé, l’esprit tolère et désire plus ou moins d’images. Et le spectateur voit de ses yeux ceux qui ont fait sauter le verrou. Ces êtres maudits qui se ravissent de la contemplation du mal. De ce fait il est amené à s’interroger sur lui-même, notamment sur ce qui l’a poussé à regarder ce film dont il sait que c’est un film d’horreur, qui plus est interdit aux moins de 16 ans (ce qui malgré tout souligne un certaine dureté).

Pour conclure le rendu final est celui d’un film sombre et torturé, toutefois respectueux de la mort, de la souffrance, et du spectateur. Un film à voir donc, si l’on aime le genre.

 

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