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TRASHMOVIES
6 février 2009

TWO LOVERS

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Dernier film de James Gray, two lovers marque un tournant radical dans la carrière du réalisateur. En effet jusqu'alors l'unique sujet cinématographique traité par gray était la violence, le meurtre et ses implications passionnelles au sein de la famille. Cette recette magique qui était sa griffe, et lui a valu toute sa renommée, est désormais remplacée par un autre topic: l'amour. 


Le dilemme entre devoir et vouloir

c'est avec une émotion intense que l'on suit l'évolution initiatique de ce jeune juif à la quête de la femme qui l'accompagnera sans doute pour toute sa vie. Dès le début on saisit avec douceur le caractère définitif de cette quête amoureuse. En effet l'organisation familiale juive telle qu'elle est présentée laisse comprendre qu'il ne s'agit plus d'amourettes d'adolescent mais bien d'un choix d'homme définitif. Ce choix n'est cependant pas libre, car conditionné par la validation de la famille. C'est ici qu'intervient la griffe de james Gray: le spectateur pense sincèrement que le bonheur se situe dans l'assouvissement de ses désirs, de ses rêves, fussent ils incohérents. 

two_lovers_hautMais Gray bafoue ces théories hédonistes et insipides en y supplantant la rigueur de ce qu'est le coeur, l'amour, la raison, la vie...  Il illustre avec magnificence cette logique Aristotélicienne qui veut que l'homme vive pour se réaliser, et évoluer selon le cadre prévu pour lui par la nature. Ce qui exclut froidement le rêve, la passion, et tout ce qui se rattache à une vision non hygiénique du mariage (pour reprendre les termes de beaudelaire)...

Sobriété et quête du bonheur

Au niveau esthétique James gray reste fidèle à ses habitudes. Les quotidiens qu'il décrit sont misérables, et présentent des particularités ethniques marquées. Il ne fait pas usage outrancier du sexe, se focalisant sur l'amour, sans images affriolantes faciles. A ce titre, l'unique « rapport » entre Joachim Jhoenix et Gwyneth Paltrow, est à mon sens, la scène capitale, en ce qu'il démontre l'absurdité et le caractère illusoire de leur relation, de manière concrète. C'est à dire une aventure dissimulée, hative, inégale, lubrique...

01Quant à l'ambiance du film, elle est sobre, misérable même selon le contexte, et permet de saisir l'universalité de cette dialectique amoureuse, mais aussi sa banalité. James gray utilise également un jeu de contraste assez simples mais très agréables:  La femme fatale tentatrice est blonde, constamment vêtue de noir, elle habite au dessus géographiquement, elle est l'opposé et le fantasme de Joachim phoenix qui est brun, vêtu chichement, habitant l'étage inférieur... Le héros est en quelque sorte emprisonné entre le devoir, la raison, la tradition, et la luxure, l'envie, le fantasme.

Dans cet antagonisme la question du réalisateur est la suivante: qu'est ce que le bonheur? Il y répond de manière naturaliste et déterministe. En d'autres termes il l'identifie au fait pour l'homme de s'accomplir lui même en cohérence avec son animalité primaire et son environnement culturel. Dès lors qu'un homme a, avec une femme, une relation qui isole le sexe du reste des choses, il ne peut se réaliser vraiment. Car il a vocation à trouver l'amour, puis à le célébrer dans la reproduction (et le plaisir), et non l'inverse... 


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